Chemin
On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme…
En variant le ton, — par exemple, tenez :
Agressif : « moi, monsieur, si j'avais un tel nez,
Il faudrait sur le champ que je me l'amputasse ! »
Amical : « mais il doit tremper dans votre tasse :
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « c'est un roc ! ... c'est un pic... c'est un cap !
Que dis-je, c'est un cap ? ... c'est une péninsule ! »
Curieux : « de quoi sert cette oblongue capsule ?
D'écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
[...]
A la fin de l'envoi, je touche.
[...]» -- Extrait de Cyrano de Bergerac - Acte I, scène 4 - Edmond ROSTAND (1868-1918)
Mot directeur, boussole, mérite dans l'océan de la bêtise humaine. Ainsi pourrions-nous identifier dans tout cela, la lettre C fédératrice. La lettre C comme le chemin de la vie. L'habitude veut que la liberté soit régulière dans mes développements. Je ne me tiens que trop rarement à un schéma constant. La souplesse est de mise, même si j'aspire malgré tout à des espaces organisés. Fidèlement à cela, j'abandonne au moins pour une fois le mot directeur pour une lettre inductrice. Pourquoi m'attarder sur cette lettre C ? La lettre C ouvre beaucoup trop l'espace des possibles et comme Cyrano de Bergerac, oh mon Dieu, bien des choses surgissent à partir de cette lettre C en somme. En variant les angles de vue, la lettre C pourrait tout d'abord désigner la déformation abominable d'un «s'est», d'un «c'est» ou d'un «sait» dans le langage SMS inauguré au cours de la fin des années 90 dans un soucis d'économiser des caractères afin de transmettre le maximum d'information dans un seul message. La lettre C me fait également penser à cette vitamine soluble dans l'eau que l'on appelle aussi acide ascorbique qui s'absorbe sous une forme synthétique dans des comprimés effervescents ou encore, dans une forme énantiomériquement pure dans les citrons, les jus de fruits et les légumes frais. Grâce à ce second C, on éloigne les infections, on dynamise les cicatrisations, on favorise l'absorption du fer et on participe à la formation des globules rouges.
Le C, c'est ici un large morceau de vie.
Ce C pourrait introduire des mots directeurs intéressants que j'aime à entendre et à utiliser comme connexion, conception, croissance, communication, construction, canalisation, courant. Je suis avec ce C dans la conduite d'un cap enfermé dans cette oblongue capsule inspirée par le courant de mes nombreuses circonvolutions. A force d'aligner les mots en C, l'essai arrive au lacet ultime de ce à quoi je compte porter ma canalisation : La pêche à la ligne. Et quelle ligne ? La ligne C. Nous pourrions parler de cette ligne C comme cette ligne de transport en commun qui ne compte pourtant absolument rien en commun avec la pêche, bien que je ne sois pas différent de tout être humain : Un pêcheur devant l'éternel.
Le C, c'est finalement bien plus qu'une lettre, c'est aussi un nombre. Le C représente la troisième lettre de l'alphabet. Dans le C, je lis ainsi également le nombre trois. Dans ce fleuve des C, il y a la vie dans ce trois, première création idéale et premier des nombres masculins né de l'union symbolisée par le nombre deux. Géométriquement symbolisé par le triangle, le C semble prendre l'apparence d'une invitation à s'interroger sur les trois plans de l'univers (le ciel, la terre et le monde souterrain). Le chemin du «père, du fils et du Saint-Esprit», le chemin des trois, la trinité, l'un de ces chemins symboliques les plus forts par rapport à mon passé, mon présent et probablement mon avenir. Je le répète encore, il n'y a pas de hasard pour moi, il n'y a que la providence transpirant à travers les pores du visible. Le fluide de l'insondable dans le sondable. Je ne fais bien simplement qu'observer, observer le cap sans jugement comme on regarde simplement le panneau directeur d'une route ou un paysage. Ceux qui ne voient rien ont juste les yeux fermés. Ceux qui n'entendent rien dans le vent des faits ont juste les oreilles closes.
La chanson de tous les trois tel le détroit de la réflexion. Dans le C, il y a la naissance, la vie et la mort. Dans le C, il y a le corps, l'esprit et l'âme. Dans le C, il y a l'homme, la terre et le ciel. Dans le C, il y a l'homme, l'enfant et la femme. Dans le C, il y a la sagesse, la force et la beauté. Dans le C, il y a le matin, l'après-midi et le soir. Le C, ce sont les trois âges de la vie : Enfant, adulte et vieillard. Quand c'est Dieu parlant à notre cœur, on sait que c'est lui car en finalité dans ce C, sur la route du retour, quand me fut révélée brutalement cette vérité quelque-peu caractéristique, je me suis rappelé de ces trois rapports faisant corps avec la création : puissance, intelligence et amour. La valse des C, c'est les trois rapports à la vie.
Sous sa forme la plus dénuée, le C, c'est le chemin.
En remontant cette trajectoire dans ma mémoire, dans le passé et le présent, je compte au bas mot pas moins de vingt coupures avec mon vécu, de près comme de loin. Ce vingt est composé du deux et du zéro. Le zéro qui n'est pas une absence puisque le divin est partout, c'est la graine de l'univers et le deux représentant les deux phases ondulatoires, positive et négative, du cycle de vie. De l'obscurité à la lumière, de zéro à deux puis à trois, mon rapport le plus ancien à la lettre C prend sans aucun doute la stature d'une station de la ligne C. C'est ici que mon chemin de vie prend son envol auprès de mes deux aînés, dans un appartement de 3 pièces, au septième étage d'une tour, première réussite sociale de réelle grande envergure de mes parents dans la seconde partie des années 70. Pourquoi cette première coupure alors qu'il ne s'agit pas de mon lieu de naissance ? Je n'en sais rien, je suis juste docilement l'écriture de mon dessein comme le dessin de cette ligne C. Ceci pourrait signifier une question bateau, comme ce doux rêve de bateau qui se transformera finalement en nourrisson surprise. En gros, un rêve ne se réalisant pas pour répondre positivement à un autre espoir de conception, la vie s'imposant sur le matériel. En gros, s'éloigner de son vrai grand rêve pour mieux le retrouver en tentant de l'oublier dans la concrétisation du matériel. Quand la vie s'impose, quand le dessein l'impose, les plans de la scène changent et les acteurs doivent s'adapter au nouveau texte comme les croyances, à l’image de ce curieux devoir qui s’invite subitement dans l’acte.
Que l’on soit catholique, protestant ou même athée, on est obligé d’en tirer la même conclusion. Le C est partout dans la blancheur quand il s’agit de connexion, conception, consécration, clarté, compréhension, mais également partout dans l’obscurité quand il s’agit de cauchemar, chimère, colère, catastrophe, calomnie. Le C est de toutes les façons un chemin qu’il est bon de suivre avec discernement, en restant conscient de son contraste entre le bien et le mal. Dans le C, rappelons-le, il y a la trinité au niveau de l’humain, c’est-à-dire la naissance, la vie et la mort. A la mort, ce que certains auront voulu cacher dans l’obscurité, les pierres les mettront à la lumière. Dans ce C comme le chemin, il existe bien un début que l'on appelle zéro.